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Les mots ne suffisent pas pour exprimer l’angoisse et la peur….

Ce virus que nous nommons COVID 19 ou coronavirus est méconnu de tous. Mais ce virus envahit et massacre l’intérieur des corps. Venu de je ne sais où, sans un bruit, il est reparti dans le même silence…

27 mars 2020, je téléphone au médecin pour prendre un rendez vous, la secrétaire me répond : « lundi ». Non, cela ne pouvait attendre lundi, je voulais le rendez vous ce jour.

Il tousse, respire difficilement. L’heure du rendez-vous arrive, il ne veut pas se lever, il ne veut pas aller chez le médecin. Je m’énerve quelque peu et je le prends sous le bras, l’entraînant jusque dans la voiture…. Et le cauchemar commence….

Arrivés dans la salle d’attente, personne. Le médecin nous invite à passer dans son bureau. L’explication de la raison de notre visite est brève pendant qu’il prend la saturation. En me regardant, il me dit : « sa sat est basse.. » inutile de m’en dire plus. « On dirait une pneumonie, emmenez le aux urgences de suite… ». « Oui, mais où.. » « au CHU » me répond il.

Je l’accompagne à la sortie du cabinet. Je le fais attendre pendant que je récupère la voiture. La route pour arriver aux urgences est longue. Je me trompe de bretelle routière, demi tour. Le ventre noué, je le regarde toutes les deux secondes pour savoir s’il respire encore…

Les urgences du CHU, oui, mais où sont elles exactement, je ne sais pas. L’angoisse me prend, je ne dis plus rien, j’essaie de me maîtriser, je regarde les panneaux. Puis je vois une ambulance, je la suis, elle m’emmène directement aux urgences. Arrivés, nous sommes arrivés. 

Des hommes, des femmes sur le parking, les visages cachés par des masques. L’un d’entre eux me dit de me garer de telle manière, j’exécute. Une femme vient, je lui explique qu’il a un problème respiratoire, je lui donne l’enveloppe du médecin. Elle me demande s’il peut marcher. Je lui répond tout simplement que non, si elle pouvait amener un fauteuil roulant, un lit, ce qu’ils avaient de disponible. Elle le sort de la voiture et l’installe, me demande d’aller me garer plus loin pour laisser place aux autres voitures et de revenir pour les papiers. Le temps que j’aille me garer plus loin et que je revienne dans le hall, il n’y avait plus personne. Mais où était il passé ?

Une voix m’appelle derrière une verrière, me demande les papiers, enregistre, me les rend, me remet un petit papier en m’informant que c’est le numéro de téléphone du CHU pour rappeler dans une heure et me demande de partir. Je sors comme un automate, je m’arrête dehors, derrière la porte se referme. Tout va très vite, trop vite.. Je ne sais plus rien, je ne sais plus où j’en suis, mon cerveau est vide. Je reste un moment figée. 

Je reprends mes esprits, je respire, je souffle. Je me dirige vers la voiture, je m’assoie. Je n’arrive pas à mettre le contact, mon regard reste fixé sur les murs du CHU. Qu’est ce qu’il se passe ?… Je n’en sais rien.. Je tourne enfin la clé et je démarre. Je prends une route, je suis la voiture de devant, je ne me repère pas, je n’arrive plus à savoir où je suis. J’avance, je continue, j’avance. J’arrive, je ne sais comment sur les quais de Grenoble. Ces quais.. Je regarde les panneaux, sens unique, tournez, sens unique, tournez, je fais trois fois le tour, je passe sur les ponts, je repasse sur les mêmes ponts. Je vais plus loin,  un panneau m’indique Chambéry, je ne veux pas aller là bas, je fais demi tour, je refais un cercle sur les ponts. Comment puis je me sortir de là ? Je veux rentrer chez moi. J’arrête la voiture, il me faut me ressaisir, où suis je ? Je regarde autour de moi… « les bulles, repère toi aux bulles » me dit une petite voix. Je lève les yeux, le départ du téléphérique doit être sur ma gauche. Je démarre à nouveau pour avoir ce point de repérage. J’avance, j’avance encore sans regarder les panneaux, j’avance tout droit, je ne veux plus tourner. Ca y est, la Porte de France… Je suis sortie des quais…

Je me repère, jusqu’au moment où j’arrive à plusieurs embranchements, les travaux ont modifiés le paysage qui m’était jusqu’ici familier de quelques années… Quelle route prendre ? D’instinct j’en prends une. Plus loin, je repère un magasin existant d’antan. Je suis sur la bonne route. Je ne dévie pas de cette route. Elle n’est autre que le cours qui me conduit jusqu’à chez moi. Je roule doucement. Mes yeux sont figés à travers le pare brise mais mon esprit est au CHU. J’arrive à un rond point, deux gendarmes.

Je m’arrête, elle me demande d’ouvrir un peu la glace, elle se recule. J’explique que je reviens du CHU, j’explique tout mon parcours, je ne suis pas très bien, je n’ai qu’une hâte entrer pour appeler le CHU. La seule chose qu’elle veut : « l’attestation de déplacement ». Je continue de lui parler, je ne l’entends pas et pourtant elle me répète la même chose. Jusqu’au moment où je réalise qu’elle veut cette feuille. Instinctivement, je prends la première que j’avais sous la main, je lui montre. « Bien, me dit elle, n’oubliez pas la prochaine fois de noter l’heure, allez y ».. Je la regarde, je repose la feuille sur le siège, je vois que le prénom n’était pas le mien, mais je laisse, je ne réagis pas… je redémarre. Mes gestes deviennent robots.

J’arrive enfin à la maison, je pose mes affaires, j’appelle le CHU. Une voix me répond, votre mari est dans le service de réanimation, nous vous rappellerons demain… J’essaie d’appeler ma supérieure, en vain, un répondeur.

La nuit est longue, je tourne, je vire, je me lève, je me recouche, je bois un verre d’eau, je fume une cigarette, je me recouche, je me relève… L’heure pour aller au travail. Je m’habille machinalement, prends ma voiture et arrivée, j’explique à ma collègue supérieure la situation. J’accompagne chaque résident dans leurs soins, tout en essayant d’être réellement avec eux, ce qui me demande un effort physique et psychologique considérable. Vers 11 heures, mon portable sonne,  un numéro est inscrit, je ne le connais pas. Je réponds. De l’autre côté, une voix féminine m’informe qu’il a été mis dans un coma artificiel sous intubation…. SILENCE…

Je pose mon téléphone, je regarde par la fenêtre et je me mets à pleurer… Après quelques instants j’appelle ma collègue supérieure, je l’informe de la situation. Elle me demande de rester assise. Elle appelle le Directeur qui lui dit qu’il valait mieux que je retourne chez moi. Je laisse tout, je traverse le couloir et je regarde ma binôme sans mot dire. Je file me changer. Dans la voiture, les larmes continuent de couler. Arrivée à la maison, mes premiers appels sont pour notre fille et notre fils. 

Ma fille ne peut pas se déplacer, des kilomètres nous séparent, le confinement vient d’être instauré. Quant à mon fils, demeurant à quelques mètres à vol d’oiseaux, me dit qu’il vient vivre à la maison, qu’il ne veut pas me laisser seule. En le voyant franchir le pas de la porte avec son sac à dos plein d’affaires, je me sens soudain à la fois rassurée, à la fois pleine d’angoisse.

Je commence par lui dire que si nous mourons, je ne leur avais pas montré où étaient nos papiers. Je l’invite vers le lieu et lui explique en gros. Il ne dit rien, me regarde faire, puis me prend par les épaules en me faisant comprendre que je commence à perdre la raison.  Il me secoue à plusieurs reprises par des mots. Mes émotions intenses et négatives prennent le dessus, je n’arrive plus à me raisonner.

Dans l’après midi, un médecin du CHU m’appelle et m’explique que j’aurai un appel le matin par une infirmière ou un infirmier et un appel l’après midi par un médecin. Cet appel est confus ou plutôt je n’arrive pas à capter ses phrases, il me parle et j’ai l’impression que mon cerveau ne reçoit plus.

Il me faut réfléchir, rester calme et réfléchir. Je décide de prendre des feuilles et un stylo. Ecrire matin et après midi tous les mots que chacun me dit… Début des journées longues dans l’attente constante des appels du CHU.

Chaque jour est angoisse. Notre fils me secoue, notre fille me raisonne. Je ne vois plus rien, je n’arrive pas à entendre, une part de mon être s’en va. Je m’enfonce.

J’informe son travail de la situation, je n’arrive pas à obtenir le bulletin d’entrée, les lignes du CHU sont constamment occupées. Le médecin me met en arrêt et m’envoie une ordonnance pour passer le test.

Tout me parait compliqué. Tout me demande des efforts comme si je n’arrivais pas à gravir les marches d’une échelle. Après trois laboratoires, un se décide à me faire passer le test parce que j’ai insisté très lourdement. Dans la voiture j’aperçois une personne vêtue d’une charlotte, d’une paire de lunettes, d’un masque et d’une surblouse, de gants sortir d’un bâtiment. Elle me demande mon nom et retourne chercher le matériel. Elle m’enfonce deux tiges dans chaque narine si profondément que les larmes coulaient toutes seules sur mes joues. 48 heures, dans 48 heures les résultats.

48 heures… deux jours encore à attendre… Tout est attente.. Tout est pesant… Tout me demande un effort. Résultat du test : négatif. Je l’envoie tant bien que mal par mail à mon travail et au cabinet médical des médecins traitants. De ce résultat, je n’ai aucune émotion, ni joie, ni soulagement, je n’éprouve rien car ce n’est pas moi dont il s’agit, ce n’est pas moi qui souffre mais lui.

Par le biais du travail, de nos enfants, les uns les autres se communiquent, très vite, ils sont informés. Les appels téléphoniques ne cessent, ils sont nombreux, je répète la même chose, je suis mal, je suis pleine d’angoisse, je pleure, je n’ai plus d’énergie, je m’efforce à répondre. Je demande à ce qu’il n’y ait qu’une personne sur chaque groupe qui m’appelle et qu’elle transmette aux autres car les principaux appels que j’attends avec impatience sont ceux du CHU le matin et l’après midi.. Je n’ai qu’un objectif que la ligne téléphonique ne soit pas bloquée.

Les premiers jours : coma artificiel, respirateur ventilateur, protocole dos ventre, état critique, sédatif le curare, pas de fièvre, sonde etc… problème aux reins.

Un point positif : stable. Le troisième jour : dos, tout est stable…

Puis le quatrième jour : marche arrière… il faut recommencer ventre, il respire mieux sur le ventre, mais nous ne savons si nous allons y arriver.. le réveil est compliqué. Nous ne pouvons nous prononcer.

La peur m’envahit, non, non pas maintenant, pas maintenant, ce n’est pas son heure, il a encore plein de choses à partager avec nous. Je prie, j’allume des bougies, je lui parle à tout instant, un ruban bleu, un ruban rose nous relient, je lui envoie mon énergie.

Des mots, je note des mots, je n’arrive toujours pas à faire surface pour me rappeler ce qu’ils me disent je note des mots. quelques dates, quelques mots.

Le 2 avril : pas encore sorti d’affaire, toujours traitement sédation. Pas beaucoup de progression. Baisse sur le plan de la respiration. Complication semblerait une pneumonie. Traitement antibiotique. Diurétique pour insuffisance rénale.

le 3 avril : toujours protocole ventre/dos. Sur ventre pour améliorer sa respiration. Sur les 48 heures, complication respiratoire. Pas de fièvre. Tension et diabète : ajustés. Diurétique pour insuffisance rénale. A eu Fibroscopie hier, résultat demain.

le 4 avril : 11 h pas d’appel, que se passe t il ? Je m’inquiète, je tourne en rond, j’attends le téléphone dans la main, prise d’angoisse. Notre fils est toujours là essayant de me tranquilliser. A 12 h 20 un appel s’excusant de n’avoir pu appeler plus tôt. Je respire à fond : nuit sur ventre car mal oxygéné. Dos le matin. Fibroscopie : 3 bactéries identifiées. Antibiotiques 8 jours.

Quand reviendra t il ? les jours me semblent une éternité. Il ne se réveille pas…. Je demande au médecin de lui parler, je lui donne les prénoms de ses enfants de ses petites filles, mon prénom, lui dire que nous sommes tous là à l’attendre, que nous l’aimons. Même s’il est dans le coma, je suis sûre qu’il entend, parlez lui, ai je dit au médecin. Il l’a fait car deux jours plus tard, ce même médecin m’en a reparlé et m’a même dit qu’il l’avait « boosté » en lui donnant à nouveau tous les prénoms, qu’il fallait qu’il réagisse… 

Tous les amis et qu’ils sont nombreux, mon Dieu qu’ils sont nombreux tous ces gens qui l’aiment !.. Tous les jours, des appels, ils s’inquiètent, ils ont peur. Tous, à leur manière, ont apporté d’eux mêmes dans leur prière, leur pensée, leur croyance.. Peu importe la manière dont ils le portent mais nous unissons nos énergies pour le ramener vers nous.

Mes nuits sont envahies de cauchemars, je me réveille en sursaut, je ne dors pas assez, les journées me semblent interminables. Je reste dans l’attente de ces appels du CHU matin et après midi, dix minutes à chaque fois.

Je n’arrive pas à cuisiner, notre fils prépare des plats à ma place. Notre fils est bien présent, il m’aide énormément, à tous les niveaux. Tous les jours j’appelle notre fille ou elle m’appelle, j’ai besoin de lui parler. Dans ces instants d’angoisse pour moi, elle, elle est plus objective que moi, plus optimiste et rassurante… Tous les jours au téléphone avec ma maman, l’une de mes soeurs, l’une de mes amies… 

le 5 avril : stable par rapport à hier. Toujours appareil respiratoire. Ce matin, nous avons baissé les médicaments pour voir ce qu’il se passe. Evolue doucement favorablement. Il entend, a des réactions quand on lui parle. Les reins sont stables.

Puis au fur et à mesure… Intubation enlevé, toujours sonde, oxygène par lunettes. Il commence à répondre avec les yeux, il entend, le kiné vient, membres : mobilité compliquée, se nourrit par voie veineuse et un peu de compote ou yaourt… 12 jours en réanimation… 

Douze jours d’angoisse, ne sachant s’il allait se réveiller ou s’il allait partir comme beaucoup d’autres êtres humains qui sont partis… Beaucoup d’êtres beaucoup trop sont partis…

Le médecin a dit qu’ils ne savaient pas de quelle manière il s’en était sorti. Au bout de quelques jours dans le service de réanimation, ils pensaient le perdre… Oui, ça je l’ai vécu en direct, cet instant où je l’ai supplié de ne pas nous lâcher, où je lui ai tendu ma main pour le retenir, où mon ruban rose et mon ruban bleu étaient toujours accrochés l’un à l’autre.. Oui, je n’ai pas cessé de lui parler, de lui donner mon énergie. Je m’épuise mais j’inspire, j’expire, tout mon être, à travers mes pensées, mes paroles, est là pour lui. Tous les êtres qui l’entourent, lui ont donné aussi toutes leurs énergies et pensées…

le 9 avril : il essaie de se lever seul mais est tombé. Sans mal, mais il oublie que ses jambes ne le portent plus. Il veut entrer chez lui. Ils vont le transférer dans le service pneumologie. Il est confus.

L’après midi, le service de pneumologie m’appelle. Toujours en détresse respiratoire avec oxygène par lunettes qu’ils réduiront petit à petit, pour l’instant il est à 3 litres. Toujours infection pulmonaire avec antibiotiques. Ses quatre membres ont perdu leur autonomie, plus de force, toujours alimentation par voie veineuse et des compotes et yaourts avec aide. Un kiné vient l’aider pour ses membres, a des faiblesses musculaires. Il est fatigué, il est toujours confus.

Le 10 avril : ce n’est que ce jour là que je réalise vraiment qu’il est sorti du service de la réanimation parce que mes enfants m’ont aidés à me remettre sur les rails. Je partais dans des propos de délire où je leur disais des phrases qui ne me ressemblaient pas. Mes émotions intenses, mes craintes, mes angoisses affaiblissent une grande partie de mon cerveau. Mon cerveau s’en va..

Le service pneumologie me propose de le voir par visio conférence. J’ai hâte et à la fois j’angoisse.  Pourquoi j’angoisse autant ? je ne sais pas. Mes crampes d’estomac sont encore présentes.

J’appelle le service pour nous mettre en relation, je suis avec notre fils. Ce dernier prépare l’ordinateur.

Je vois à travers l’écran son visage, je souris et je pleure en même temps. Il est là, il est bien là. Il est confus, dit qu’il a de la marmelade entre les deux oreilles. Il mélange tout et pense être à l’hôpital depuis le 13 janvier. Je ne sais pour quelle raison il a sorti cette date. Nous lui expliquons plusieurs choses mais il sort de coma, son cerveau ne peut tout comprendre pour l’instant. Il veut rentrer chez lui…. Son fils lui parle.

Tous les jours, j’ai de nouveau des appels de ce service qui me donne l’évolution de son état. Selon une nouvelle radiographie, ses poumons sont très très atteints, je le savais déjà. Il reste confus, il respire de mieux en mieux mais bien sûr à toujours des difficultés respiratoires et n’a pas de fièvre. Ses reins vont parfaitement bien et ont enlevé la sonde urinaire. Il a toujours une perfusion pour hydratation et ses nutriments passent toujours par voie veineuse.

Puis, nous arrivons à le voir une demi heure par jour par visio conférence et nous nous parlons, nous sommes plusieurs à le voir, ses enfants, ses petites filles montrent, à travers l’écran, des dessins faits pour lui, des amis.

Si je suis réticente aux technologies, si je préfère les arbres et les fleurs aux machines qui nous entourent et envahissent nos vies, pour le coup j’ai apprécié ces visio conférences. J’ai apprécié de le voir, de lui parler. Même si ses propos ne sont pas toujours cohérents, même si nous devons lui répéter les choses, je suis heureuse… 

Le 15 avril : plus de nutrition par voie veineuse, mange par la bouche, un autre travail : la réadaptation… Demain il sera transféré en SSR (soins de suite et de réadaptation).

le 16 avril : l’après midi, ambulance : transfert d’établissement. Le SSR m’appelle, il lui faut des habits. Je prépare une valise avec notre fils, nous lui apportons. Mais à l’accueil, elle nous demande de poser la valise, lui monterait ce soir et nous invite à ressortir. Normal, tout est fermé par protection.. Nous n’avons pu le voir, ni l’apercevoir par une fenêtre. Nous repartons comme nous sommes venus mais pire encore, un peu déçus..

Chaque jour nous nous appelons, il peut appeler… Kiné, plusieurs fois par jour. De nouveau une radiographie des poumons : très atteints, un poumon est plus atteint que l’autre. A toujours des difficultés respiratoires, son souffle est diminué. Il n’atteint pas encore les 50 %. Il a perdu 15 kgs. Son diabète, à chaque dextro est au dessous de 1. Une nutritionniste est venue le voir, il n’arrive pas à manger des plats en sauce, l’odeur lui donne des remontées. Ils regardent ensemble. Des plats sans sauce, des petites quantités sont confectionnées pour lui, il mange à nouveau. Les progrès se dessinent chaque jour. De la patience il en faut car il va en avoir pour des mois et des mois.. Son inquiétude : ne plus pouvoir faire grand chose car il sent bien que ses voies respiratoires sont très vite saturées, il se fatigue au moindre pas et n’a plus de force musculaire.

L’histoire de sa vie n’est pas finie.. Il va doucement se remettre, du temps il faudra du temps mais le plus important aujourd’hui : il est vivant.

Je remercie toutes les personnes, tous métiers confondus, qui travaillent au CHU et dans le SSR. Toutes ces équipes qui sont là, avec bienveillance, pour lui et pour moi. 

Je remercie toutes nos familles, nos amis, nos collègues de travail, nos voisins qui sont là pour lui, pour moi, qui appellent tous les jours ou très régulièrement, qui l’entourent, qui l’aiment… Vous êtes nombreux, je ne vais pas nommer les prénoms mais les endroits : Isère, Tarn, Vendée et au dessus,  Jura, Dordogne, Bretagne, Le Nord, Paris et en dessous, le Sud… etc dans la France entière, nos amis Belges et nos amis Suisses… tout le monde se reconnaîtra, j’espère ne pas en oublier, vous êtes si nombreux…  Je lui ai lu vos textes, vos messages, vos mots… Merci à mes enfants, ma maman, l’une de mes soeurs et une amie qui m’ont appelés plusieurs fois par jour, qui m’ont aidés à surmonter mes angoisses, mes peurs, qui m’ont secoués et remis à la raison…

Aujourd’hui toujours en SSR, je ne peux le voir, ni physiquement, ni par visio conférence mais j’entends sa voix, de plus en plus claire, de plus en plus cohérente. Il réalise ce qui lui est arrivé,  même s’il est hors de tout, hors du confinement, hors des actualités… Il sait qu’il a touché la mort… 

J’ai mis également du temps à me remettre de toutes ces émotions négatives. Besoin de reprendre des forces. Les larmes coulent encore, je les laisse couler. Même si la date n’est pas fixée, il aura besoin de moi en rentrant à la maison.

Durant ces semaines, tous ont suivi son chemin de vie, oui son chemin de vie, quels jolis mots et je les apprécie davantage aujourd’hui… Il est né un jour au printemps et il renaît un jour de printemps… Son prénom : Laurent.

Agnès Genestier

En hommage à Klark….

« Parce que un jour, un oiseau déposa une plume…
Je l’ai ramassée, il resta figé et m’a regardé longuement. Je n’avais, à l’époque, décrit son message.
Tous les maux de la terre, je les étalais sur des feuilles avec un crayon…
Puis, un jour, jeune j’étais, un chef indien, venu nous rendre visite, Klark, de son prénom, a posé ses yeux sur cette plume.
Il a levé la tête et m’a dit : »tu écris des mots ? un silence puis il prit la plume me la tendit et continua : »utilise cette plume, tu écriras ton coeur. » Klark est aujourd’hui parti vers les siens au milieu des étoiles, se rapprochant de son père soleil, laissant sa mère terre et gravant dans mon coeur son tendre sourire… j’écris avec de l’encre sortie d’un stylo, pour ne pas abîmer cette plume… Je l’ai laissée là où il l’avait reposée…  »

Agnès

Aux bateaux… aux marins… quelques mots.

« Sa coque aussi brillante qu’un diamant,
invincible à toutes épreuves il se croyait,
Batailles, sans regret, ne se retournait,
dans les immenses mers ou océans.

Tous les marins, avec courage,
brandissaient leurs épées,
jours et nuits dans les orages,
de leurs bras nus, les voiles, ils hissaient.

Dans la brume un matin,
Femmes et enfants entendirent une sirène,
accourant sur le quai avec entrain,
apparut un point jaune, une lanterne…

Il arrive, a survécu à toutes souffrances,
commencent les sourires, la musique et la danse,
Sur cette eau calme des poètes

et en son hommage, silence des mouettes…. »
Agnès

comprendre l’art

« L’art et l’oeuvre ne sont pas toujours compris,
face à une peinture vivante ou abstraite,
notre vision des formes ne reflète,
pas toujours, du tableau, son esprit.

Difficile à comprendre la littérature,
où les idées phylosophiques deviennent subtiles,
les phrases dégagent de mots ou des maux dans sa lecture,
l’écrivain glisse sa plume et l’encre défile.

Le bois, l’argile, le ciment, le métal ou la pierre,
donnent au sculpteur de bien belles matières,
de ces matériaux nus à travailler de son fief,
vont naitre des formes en volume, en ronde bosse, en relief.

Quant au papier, l’art de l’origami,
deux tours de mains, quelque finesse de pliages,
une feuille est transformée sans collage,
et le mouvement des formes vit.

Dans la recherche et le travail de n’importe quel artiste,
son oeuvre représente pour lui, l’expression
de ses envies, de ses visions, de ses pulsions,
et souhaite souvent devenir perfectionniste. »
Agnès

Ma poupée de Noël….

Parce que les jours approchent.. tous les petits lutins s’activent, ils vont, ils viennent, ils n’arrêtent pas et surtout ils ne dorment plus.. Les lettres des enfants affluent. Toi, es tu sur la liste des enfants sages ? oups, en vérité, moi, petite, je ne l’étais pas toujours, il me fallait faire quelques bêtises, sinon, ce n’était pas rigolo…
Mais lorsque vint la période de Noël, durant quelques jours, oui, quelques jours seulement car c’était long quelques jours, je restais sage, je savais que le Père Noël me regardait…
Je me rappelle d’un matin de Noël, j’avais demandé une poupée et que vis je sous le sapin, un haut carton entouré de papier vers ma chaussure… Le Père Noël ne m’avait pas oubliée.
Cette poupée était grande, blonde, elle marchait en tournant la tête, je m’amusais tout le temps avec elle…
Mais l’histoire n’est pas finie.
Nous avons déménagé. Les cartons un à un se remplissaient. En déballant les cartons, je pensais bien revoir ma poupée.
Dans aucun… elle n’apparaissait.
Mes parents pensaient, sans accusation, qu’un des déménageurs l’avait récupérée, mais ne pouvaient rien faire sans preuve.
Alors, je me rappelle avoir dit à mes parents : « ce n’est pas grave, Laura, ainsi je l’avais appelée, profitera à une autre petite fille… »
Et plus de 40 ans après, dans cette période de Noël, je pense toujours à ma poupée qui a dû faire plaisir à une enfant. Agnès

Noël peut être un moment d’une tristesse….

Une version de l’histoire de la petite fille aux allumettes….

quelques phrases de mes connaissances…

« ce soir c’est noel dans les maisons décorées,
toutes les lumières sont éclairées,
dans la rue, la nuit est tombée,…
une petite fille essuie ses souliers…

De sa poche, elle prend des allumettes
et de sa voix se met à chanter :

Une allumette pour chauffer mon coeur,
Une allumette pour mes mains qui tremblent
Une allumette pour sécher tes larmes
Une allumette pour avoir moins peur…

Une à une les petites flammes
entre ses doigts se sont consumées
quand la dernière a rendu l’âme
l’image de sa mère s’est envolée…

Emporte moi dans ton royaume,
tout là haut, tout là haut..
mon corps, mes pieds, mes paumes,
sont gelés, mes habits sont en lambeaux… »
Agnès

la vieille machine à coudre

« Parce que Hommage au savoir faire de ma maman… »

La vieille machine marron et noire
clic clic, bruit étrange dans le soir,
La pédale reprendra-t-elle le rythme de la couturière…
comme le pied aisé de ma propre mère,
sans perdre son lustre et sa cadence
humble, cette machine influence.

Artiste, couturière, de sa main alerte,
dessinant, coupant, filant, toujours prête,
du bout des doigts, à la guider et à la modérer.
J’aime les contours, de cette machine, inventés
brûlants de l’ancien temps quand
nos robes étaient cousues d’un joli fil blanc.

De cet art, apprendre, je n’ai voulu,
les deux, je préfèrais les regarder,
et les tissus plats, les voir se transformer
sur un buste… je resterai toujours émue… »
Agnès

Un merci ne coûte rien…

Parce que j’ai envie de vous raconter :
« Il avait à peine 20 ans, les cheveux longs. Il n’avait pas de travail et bien souvent errait dans la rue. Un jour, une main se tend, une adresse pour du travail, il est pris.. Durant des années au service de tous, il travaillait avec joie. Alors qu’il n’avait pas de permis de voiture, un jour, il décida de passer tous ses permis en même temps, chose que nous pouvions faire à l’époque. Et pour ne devoir rien à personne, il paya l’ensem…ble… Les tampons se succèdent sur son papier rose et tous ses tampons servirent à son employeur et à l’équipe de son employeur… Lorsque la neige tombait, tout fier dans son engin, et ne voulant rater une seule sortie, il se pressait pour s’habiller et il déblayait les routes pour que les personnes puissent se rendre au travail et même sa femme n’était pas desservie et prenait sa pelle pour sortir… Lorsque les ruisseaux grondaient et débordaient, il allait sans hésiter prendre l’engin, pour remettre tout au propre pour les habitants… Très peu de fêtes il manquait pour installer le matériel.. Non pas pour la paye ou pour prendre des jours de repos mais parce que, comment appelons nous cela ?.. peut être ce mot : il s’investissait parce qu’il aimait… Et je ne raconte pas tout, ce serait trop long, plus de trente ans de sa vie, je ne suis pas sûre que vous me lisiez jusqu’au bout… Aujourd’hui, il doit partir chez un autre employeur, pas par choix, mais par obligation… Et qu’en est il de cet ancien employeur et de l’équipe de son employeur : à aucun : pas un merci, pas un mot, je ne parle pas d’un pot, la réponse serait : nous sommes dans une époque d’économie, restriction budgétaire… soit ! je veux bien éventuellement l’entendre…. mais un merci, une poignée de main, une reconnaissance ne coûtent absolument rien… Heureusement, que les collègues de travail sont là !… Aussi aujourd’hui, moi je dis à cette personne mais également à tous ceux qui se sont investis pour nous tous et qui n’ont pas d’autres choix que de partir ; même si à ce jour, nous ne connaissons pas encore l’organisation de vos tâches futures : je vous dis un grand MERCI… MERCI à vous tous, d’avoir été là pour nous… » Agnès

A mon père

« Je regarde les lumières dans les rues, les vitrines

les joies des enfants, le père noël, les lutins,

les personnages déguisés se dandinent,

et pourtant je ne me sens pas bien.

 

Tous mes cadeaux matériels sont achetés,

il en manquera encore un dans mon panier,

non, je n’arrive pas à m’y faire,

de te savoir sous cette terre.

 

Les guirlandes sur le sapin nous mettrons,

dans mon être, je ressens toujours à cette saison,

un « je ne pourrai jamais revenir »,

je baisse la tête, c’est foutu,

puis, je lève les yeux pour me retenir,

une partie de moi, une présence disparue… »

Agnès

 

 

 

 

CROQUEURS DE MOTS : défi 133

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HARMONIE propose : « acrostiche de votre pseudo »….

 

« Comme vous avez pu le constater,

je n’ai pas de pseudo à vous décrypter,

tout le monde m’appelle par mon prénom,

je n’en éprouve aucune déception.

.

Je vais vous donner la raison de garder mon prénom,

je l’aime bien, tout simplement, sa prononciation

simple dans l’articulation et harmonieux dans le son,

mais surtout humblement, j’adore sa signification.

Quelle est sa signification ?

Un petit agneau… hé ben oui, quoi !… ne riez pas,

la traduction en latin de : agnus deïs

et Mozart, en un requiem l’a harmonisé.

Je vous avoue, de certains pseudos rencontrés,

je me fait plaisir à les prononcer,

ils sont doux et bien portés,

derrière, ils donnent un certain caché… »

Agnès